La clé de la crise de l’eau en Afrique, souvent évoquée dans les forums internationaux, est la grande variabilité spatiale et temporelle de la disponibilité des ressources, le climat aride qui prévaut dans environ 60 % du continent africain et le manque généralisé de ressources humaines qualifiées et expérimentées pour gérer la disponibilité irrégulière de l’eau. La fourniture d’une capacité de stockage suffisante dans un contexte de demande croissante en eau et de variabilité croissante du climat est l’une des principales préoccupations des gestionnaires de l’eau de la région au cours des prochaines décennies. Le stockage naturel dans les aquifères rend l’utilisation conjuguée des ressources en eau et la recharge artificielle des aquifères particulièrement attrayantes dans la région.
D’excellents progrès ont été réalisés dans tous les aspects liés aux connaissances et à la promotion de la recharge artificielle en Afrique du Sud. Celle-ci est portée par la Commission de recherche sur l’eau, avec ses programmes de recherche et de développement, depuis près de cinquante ans. Entre autres projets, il a conduit à la construction d’un important programme d’injection de trous de forage pour la ville de Windhoek, en Namibie. Le programme MAR (managed aquifer recharge) de Windhoek est particulièrement intéressant car il implique l’injection et la récupération à grande échelle dans un aquifère de quartzite fracturé très complexe. La mise en œuvre en Afrique du Sud a été facilitée par la stratégie détaillée de recharge artificielle élaborée par le ministère national des Eaux et des Forêts. Avec 17 cas signalés, l’Afrique du Sud a de loin le taux de mise en œuvre du MAR le plus élevé d’Afrique.
Dans ce contexte, six cas sont examinés, couvrant différents environnements physiques et de gestion et méthodes de recharge en Afrique australe. Ils sont structurés de manière à faire ressortir une compréhension des différentes forces motrices de l’utilisation des techniques de MAR, des facteurs qui influent sur le choix d’une technique de MAR particulière et de l’efficacité de diverses techniques de MAR.
Le principal obstacle à un déploiement beaucoup plus important et systématique de cette technologie a été le manque de gouvernance et de développement institutionnel appropriés pour l’utilisation et la gestion durables des ressources en eaux souterraines en Afrique du Sud. Cela a été un échec en Afrique en général, malgré le rôle stratégique des eaux souterraines en tant que ressource essentielle pour aider au développement communautaire et à la réduction de la pauvreté.
Entretien avec les auteurs